Infertilité : quand la pause s’impose…

« La pause, elle aussi, fait partie de la musique. » Stefan Zweig
Cela fait des mois que vous rêvez de ce bébé qui ne vient pas et vous commencez à mal vivre les traitements pour l’infertilité, les échecs à répétition, les conseils des uns et des autres, vos réactions et vos déceptions. Et si une pause s’imposait ?
L’horloge biologique est une espèce d’épée de Damoclès qui empêche, bien souvent, d’avoir recours sereinement à la pause lors de traitements pour l’infertilité. Parfois, on peut avoir l’impression que si l’on ne suit pas scrupuleusement le traitement mois après mois, on risque de louper le coche…
Or, même si ce n’est pas prouvé, pour de nombreux couples, la pause a des bienfaits !

Epuisée par les traitements ? Top 4 des bienfaits d’une pause.
#1 Retrouver un rythme « normal », sans examens, et donc sans attentes déçues,… sans contrôle, écho and co. Ce véritable marathon est éreintant aussi bien physiquement que psychologiquement. Et ces deux aspects sont essentiels pour que la fertilité soit rétablie. Alors acceptons de parfois « perdre » un mois, deux, et même parfois plus, pour pouvoir mieux repartir.
#2 Se retrouver avec son conjoint : accumuler les échecs n’est bon ni pour la perception que l’on a de soi, ni pour la perception que l’on a de son couple. Le chemin est parfois long et l’on peut se perdre dans cette aventure. La pause permet de se décentrer de cette attente de bébé et de retrouver sa moitié pour ce qu’il est.
#3 Mettre son corps au repos, c’est lui permettre d’aller plus loin. Tout comme vous pouvez avoir besoin d’une bonne nuit de sommeil après une journée mouvementée, votre corps aussi a besoin de se reposer pour se régénérer et mieux fonctionner.
#4 Faire de la place pour penser et mettre en place un autre projet : avec le désir d’être parent, ce sont bien souvent beaucoup d’autres projets qui sont mis en « stand-by ». Cette pause dans les traitements de l’infertilité, peut vous permettre de vous plonger dans un projet qui vous tient à cœur : un voyage, un déménagement, par exemple ?

Top 5 des freins à faire une pause
#1 Et si c’était ce mois-là que ça avait pu marcher ?
#2 Et si je n’arrive pas à reprendre les traitements après la pause ?
#3 Et si mon médecin n’avait plus de place pour me recevoir après la pause ?
#4 Et si mon corps ne répond plus après cette pause ?
#5 Et si je perdais du temps avec cette pause ?
Toutes ces questions sont légitimes et c’est bien dommage qu’il n’y a pas plus d’informations sur les bienfaits d’une pause. Nombreux sont les témoignages d’arrivée de bébé après une pause : cette amie infertile, qui après avoir atteint un point de non-retour, a décidé de tout stopper, de partir avec son mari dans les îles trois semaines et est rentrée enceinte. Ou encore celle-ci, qui au moment où elle a accepté le fait qu’elle adoptera un jour, après avoir commencé le dossier d’adoption, tombe enceinte le mois qui suit.

« Pour ma part une pause a été bénéfique car j’étais arrivée à saturation, je n’avais plus la force de continuer à maintenir le train de vie, labo, boulot, PMA, écho…Passer de la joie, à l’excitation, aux pleurs et au désespoir : cela devenait éreintant. Je subissais de plus en plus le parcours. J’ai eu un gros ras le bol de tous ces traitements, cumulés aux RDV, à la pression que l’on se mettait pour finalement obtenir des tests de grossesse négatifs. Alors nous avons décidé, avec mon conjoint, de tout stopper pour que je puisse me retrouver, retrouver mon couple et ma vie d’ « avant »….Whaou ça fait un bien fou ! Je me suis sentie de nouveau libre, avec l’impression de pouvoir de nouveau respirer. Puis, un jour, ma gynécologue, m’a proposé de recommencer. J’ai dit « ok » mais à ma façon : sans (trop) me prendre la tête, en ayant pris du recul, et donc avec un certain détachement et en continuant ma vie « normalement ». Un joli « positif » est arrivé…je suis à 8 semaine d’aménorrhée : rien n’est encore gagné, mais pour nous c’est une première victoire. Je pense qu’il est important de pouvoir arrêter quand il est encore temps, de pouvoir se retrouver. J’ai l’impression qu’on peut avoir tendance à se mettre en « pilote automatique » et que c’est néfaste à long terme. Je conseille vraiment la pause à celles qui sont à bout et qui ne s’en sortent pas…J’espère que mon témoignage pourra aider quelques-unes d’entre vous. » Sophie.

« Nous sommes en parcours PMA depuis mars 2020. Après 8 mois d’essais bébé et des examens de fertilité, le verdict tombe : infertilité masculine. Mon mari a eu une maladie, il y a quelques années et le médecin pensait que c’était liée. Heureusement non, mais on nous diagnostique une infertilité inexpliquée. Nous sommes les seuls à vivre cela dans nos familles, car dans nos fratries, ils ont tous des enfants. Ça a été un cataclysme pour nous, mais aussi pour nos familles. Le choc a été dur à encaisser et nous avons mûrement réfléchi ce que nous allions choisir de faire. Nous avons décidé de faire une FIV (Fécondation In Vitro). Travaillant dans un hôpital, le centre PMA était une évidence. La prise en charge a été top là-bas et le rendez-vous a été pris pour faire une première tentative, en septembre 2020. Tout s’est bien passé et nous avons découvert que ça avait fonctionné. Malheureusement, quelque temps après j’ai fait une fausse-couche précoce qui a été très dure à gérer pour nous deux émotionnellement.
Nos familles nous ont soutenus et ont espérer qu’on ne resterait pas sur cette fausse-couche. On a décidé de se concentrer sur nous et de refaire une tentative en 2021. J’ai refait une deuxième stimulation et ponction (pas d’embryons congelés) mi-février 2021. Lors de la prise de sang pour savoir si l’embryon s’est accroché, le verdict est tombé, c’était négatif.
J’ai pris la décision, avec l’accord de mon mari, de faire une pause de 6 à 8 mois. On a décidé que durant cette pause, nous nous concentrerions sur nous et nous laisserions mon corps se reposer. Psychologiquement, cela nous a fait un coup, mais beaucoup de bien d’arrêter de parler « PMA ». Lors d’un rendez-vous chez ma gynécologue, nous avons décidé de repartir. J’ai de la chance, car elle est très à l’écoute, comprend et respecte nos envies.
Les conseils que j’aimerais donner en partageant avec vous une partie de mon histoire, c’est :
– Faites-vous confiance et trouvez un centre qui écoute et respecte vos besoins, quitte à en changer.
– N’ayez pas honte de l’infertilité, car ce n’est pas ce qui vous définit, ni votre couple.
– Osez en parler avec vos familles, car ce sont vos soutiens et vous pouvez être agréablement surprise de leur réaction. Ma belle-famille et la mienne sont hyper présentes quand on craque.
– N’ayez pas honte de pleurer lorsqu’il y a une naissance dans vos familles et que vous ne vous sentez pas capable d’aller à des événements familiaux.
– Ne baissez pas les bras, car la PMA est un parcours du combattant.
Et un dernier « tips » pour la route, on a trouvé la formule qui nous convient : partir deux jours à deux quand on est dans nos familles, car avec les enfants présents, c’est dur pour nous. »
Adèle.

Tous ces témoignages sont l’exemple même qu’une pause permet de revenir à soi, à son couple et de permettre à son esprit et à son corps de « lâcher prise » : ce fameux terme que l’on déteste toutes.
Alors mesdames, si vous sentez que c’est le mois de trop, la déception de trop, l’injection ou l’échographie de trop, pensez à prendre du temps pour vous, du temps pour mieux repartir et mettre toutes les chances de votre côté d’un jour donner la vie.